On y arrive en général à la tombée de la nuit et on découvre un imposant hôtel particulier, cadre fantasmé d’un huis-clos de Chabrol. Le perron est majestueux mais c’est par un escalier exigu qu’on accède à la salle. On est surpris de découvrir une magnifique cave voutée du XVIIIème siècle, impeccablement restaurée, spacieuse mais chaleureuse, bel exemple de réappropriation culturelle. Le bar est judicieusement achalandé, pas de produits infâmes ici mais des bières nordiques et Belges sélectionnées avec goût. L’âne de Buridan, né à Béthune, n’aurait pas tergiversé longtemps au Poche. Du coup, mais ce n’est pas forcément lié, on s’y sent rapidement chez soi et on comprend que le lieu soit devenu un havre de paix pour les mélomanes. En quelques années la cave voutée s’est muée en un lieu de vie, de culture et de rencontres dans un « bassin » réputé pour sa vie culturelle. A ce titre, Béthune est un cas d’école : sous-préfecture habitée par 25000 âmes, à l’ombre de la rutilante capitale (Lille), la ville a su faire d’un handicap une plus-value en s’intégrant dans les réseaux (administratifs, territoriaux, culturels) et rayonner au-delà des terrils.

Longtemps estampillée « chanson », depuis 2015, la proposition artistique a été revue pour devenir plus novatrice et alternative. Le Poche porte une mission de diffusion des musiques actuelles à travers la programmation d’artistes régionaux, français et internationaux avec l’objectif de faire découvrir les nouvelles tendances artistiques en veillant à la diversité des esthétiques. Le Poche assume un risque artistique en présentant des artistes émergents encore peu médiatisés ou en marge des circuits commerciaux. La qualité de cette programmation exigeante et généreuse, a forgé sa renommée régionale, nationale et internationale et en a fait un élément d’attractivité incontournable pour Béthune.
Chaque année, c’est une trentaine de concerts qui sont présentés au public du Poche.